Cameroun : La Fecafoot engagée à lutter contre à la triche sur l’âge
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La Fédération camerounaise de Football (FECAFOOT) a annoncé suspendre 62 joueurs pour fraude liée à l’âge, dont Nathan Doualla, le plus jeune joueur à avoir disputé la dernière Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire. En cause, ces pensionnaires de 12 des 16 clubs participant aux play-offs du championnat d’élite du pays, MTN Elite One, sont accusés d’avoir menti sur leur âge.
Si la publication de cette liste de joueurs suspendus a fait grand bruit au Cameroun et ailleurs, elle remet surtout au-devant de la scène une préoccupation de longue date : les faux âges dans le foot africain.
Affaire Nathan Doualla : de nombreux précédents dans le football camerounais
Les accusations de fraude sur l’âge sont régulièrement portées à l’encontre des footballeurs camerounais évoluant en Europe. On se souvient d’ailleurs de la polémique impliquant Samuel Eto’o et son entraîneur à Chelsea, José Mourinho, qui insinuait que le joueur était plus âgé que ce qu’il prétend.
Loin d’être une nouveauté, l’affaire Nathan Doualla, comme il convient de la nommer, rappelle de nombreux antécédents dans l’histoire du football camerounais. La présence de celui qui avait été présenté comme le plus jeune joueur de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations donne toutefois une résonance particulière à ce énième épisode d’autant plus qu’elle expose la sélection camerounaise à une exclusion des deux prochaines éditions de la CAN.
Il faut dire qu’en plus de la fraude sur l’âge, l’enquête de la fédération a révélé des cas de double identité. Selon les révélations du quotidien français Le Monde, le pensionnaire de Victoria United à Limbé, s’appellerait non pas Wilfried Nathan Doualla, mais plutôt Alexandre Bardella.
Un scandale d’une pareille ampleur avait déjà éclaté à l’été 2022, lorsque l’instance dirigeante du football camerounais avait convoqué 44 joueurs de huit clubs différents pour une audience sur des allégations d’abus d’âge ou d’identité.
Six mois plus tard, en janvier 2023, alors qu’ils devaient disputer un tournoi qualificatif pour la CAN de leur catégorie d’âge, 21 des 30 joueurs de l’équipe des moins de 17 ans ont été disqualifiés après avoir échoué aux tests médicaux devant vérifier leur âge.
Plusieurs autres incidents de la même nature sont survenus au cours des dernières décennies, et mis en lumière la manipulation généralisée de l’âge au sein du football camerounais.
Dès sa prise de fonction à la tête de la Fecafoot, Samuel Eto’o a marqué sa volonté d’éradiquer ce problème séculaire et endémique qui mine le football camerounais et africain. La suspension de ces 62 joueurs entre dans le cadre d’une série d’actions engagées à cet effet par l’exécutif du foot camerounais.
Au-delà du Cameroun, un problème continental
Le Cameroun n’est pas le seul pays à se retrouver au cœur de scandales de l’âge dans le football africain. Au cours des dernières années, plusieurs autres sélections ont été épinglées et sanctionnées par la CAF ou la FIFA pour fraude liée à l’âge, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’intégrité du football africain.
En 2019, la fraude liée à l’âge s’est particulièrement manifestée dans les tournois juniors de la CAF, de nombreux pays ayant vu leurs joueurs disqualifiés après avoir échoué aux tests IRM. C’est notamment le cas du Kenya, qui a dû retirer trois joueurs du groupe devant prendre part au tournoi CECAFA U17 en Tanzanie.
Une semaine plus tôt, et en prélude du tournoi UFOA B U17, le Burkina Faso, le Niger, le Togo, le Nigéria et la Côte d’Ivoire ont chacun renvoyé un joueur chez eux pour les mêmes faits, tandis que l’équipe béninoise U17 a tout simplement été disqualifiée du tournoi, après que la moitié de son effectif a échoué au test. Plusieurs années en arrière, en 2016, un peu moins de la moitié de l’équipe nigériane des moins de 17 ans avait été exclue des qualifications pour la CAN en raison d’échecs aux contrôles d’âge.
En dehors des équipes nationales, plusieurs joueurs d’origine africaine évoluant en Europe sont confrontés à des degrés divers, à la remise en question de leur âge, sous fond de racisme. Les derniers exemples les plus évocateurs incluent Youssoufa Moukoko, Christian Basssogog, Silas Wamagituka, Victor Emenayo, Joseph Minala ou encore Bakery Jatta.
Les cas récurrents de joueurs ou sélections épinglés pour fraude sur l’âge ne sont pas pour dissiper les rumeurs à travers l’Europe concernant des stars africaines. Ils mettent au contraire le doigt sur un problème systémique, dont les causes sont imputables aux joueurs dans certains cas, et aux dirigeants dans d’autres.
En effet, si très souvent les joueurs décident d’eux-mêmes de falsifier leur âge pour augmenter leurs chances de réussite, il n’est pas rare que l’initiative émane des responsables de la fédération ou du ministère des sports des différents pays. De même, les agents et les clubs encouragent parfois les joueurs à diminuer leur âge pour faciliter l’obtention de contrats avec des clubs européens à la recherche de jeunes talents.
Pour ne rien arranger, le fonctionnement de l’état civil dans certains pays est tel que les actes de naissance peuvent être inexacts, voire indisponibles. D’un autre côté, les fédérations et clubs, faute de moyens, sont dans l’incapacité d’effectuer des tests de vérification de l’âge à leurs joueurs. Les tests osseux pour déterminer l’âge ont en effet un coût assez élevé.
Un problème persistant, malgré les efforts de lutte
Alors que nombre de succès internationaux au niveau junior des sélections africaines ont été assombris par des allégations de joueurs trop âgés, les responsables du foot à divers niveaux multiplient les mesures contre la fraude sur l’âge dans le foot africain.
Ainsi, la FIFA a introduit l’utilisation obligatoire de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) en 2009 pour la Coupe du Monde des moins de 17 ans de la FIFA. Le test osseux, considéré comme précis à 99 % jusqu’à l’âge de 17 ans, aide à déterminer la majorité ou non des joueurs. Au-delà de ce seuil (17 ans), il devient toutefois plus complexe d’évaluer l’âge d’une personne. L’autre limite de l’IRM du poignet est qu’elle ne fonctionne que pour les garçons.
Même si l’IRM (ni aucun autre test scientifique) n’est pas infaillible pour déterminer l’âge d’un individu, cela reste le principal instrument pour lutter contre la tricherie sur l’âge dans le monde du football.
À l’échelle continentale, la CAF a instauré des examens IRM pour évaluer l’âge osseux des participants à certaines compétitions réservées aux mineurs. Dans ce cadre, un protocole précis est mis en place à cet effet pour la réalisation des tests osseux pour toutes les équipes participantes, avant et pendant la compétition. En cas d’échec aux examens, des sanctions sont prévues et peuvent aller de la disqualification des joueurs concernés à celle de la sélection, si celle-ci compte quatre joueurs ou plus épinglés.
À noter que les équipes dont des joueurs ont été disqualifiés peuvent contester les résultats en vue d’une reprise des tests IRM.
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